Ilpo Kauppinen aime la pêche. Il aime également Hilkka, dont l’esprit, tel un lac, se trouble parfois en surface, mais si lentement qu’on a le temps de s’y habituer. Lorsque Hilkka disparaît, le capitaine Sudenmaa de la Criminelle se trouve confronté à l’enquête la plus ardue de sa carrière : retrouver l’épouse d’un homme qui ne jure que par les perches. 

Martti Linna retranscrit à merveille la passion des Finlandais pour les lacs et leurs abords. Loin des clichés du genre policier, Le royaume des perches flirte avec le roman des grands espaces. Car la Finlande incarne aussi la nature dans ses extrêmes, son omniprésence, son abondance. Sa face sauvage n’est jamais loin, et bien présente dans les traits de certains personnages. Le capitaine de police Sudenmaa est de ces héros qui pourraient être nos voisins de palier, tant ils sont humains dans leurs défauts comme leurs vertus. La vie personnelle de ce personnage s’inscrit bien dans le quotidien des sociétés occidentales. 

Le ton léger, enlevé, contraste avec la noirceur du thème et amène beaucoup d’humanité et d’humour à cette histoire, sans jamais sombrer dans la caricature. Le royaume des perches est un roman sensible, subtil, à l’atmospère délicieusement finlandaise.